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Les principales origines des peurs des enfants

 

« La peur est une émotion intense pouvant être associée à des manifestations anxieuses comportementales, cognitives et physiologiques”.  (Vera et Leveau, 1990)

La peur est l’une des grandes émotions de base que nous ressentons, avec la joie, la tristesse et la colère, une réaction automatique de notre cerveau qui fait réagir tout notre corps. La peur, qui a pour fonction primordiale de nous alerter d’un état de danger, d’une menace, est d’abord physiologique avant d’être psychologique.

Explication neurobiologique (très simplifiée) de la peur

L’amygdale (ensemble de noyaux au niveau des lobes temporaux) est une structure cérébrale essentielle au décodage des émotions, et en particulier aux stimuli menaçants pour l’organisme. Si l’amygdale est activée, elle va d’abord déclencher une cascade de réactions émotionnelles : transpiration, contraction des muscles, accélération du rythme cardiaque… puis elle va nous permettre via le cortex sensoriel adapté (visuel, auditif..), d’analyser la représentation de l’objet et va nous préparer à la fuite ou à la défense. En connexion avec l’hippocampe (structure du cerveau jouant un rôle central dans la mémoire), l’amygdale va permettre de stocker et mémoriser les émotions ressenties.

Petites ou grandes, réelles ou imaginaires, disproportionnées ou non, il est indispensable de toujours prendre les peurs des enfants au sérieux. Ne les minimisez pas, ne les ignorez pas, elles ont toutes une raison d’être, même si elles peuvent être parfois difficiles à comprendre pour nous, adultes. La peur est à percevoir comme un message, une façon pour l’enfant de s’exprimer. Aucune ne doit être jugée comme ridicule !

Cela peut être un sentiment d’angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d’un danger, une appréhension qui pousse à fuir ou à éviter une situation, la crainte d’un jugement…qui pourrait subvenir dans un avenir plus ou moins rapproché. Souvent, les peurs des enfants proviennent d’expériences qu’ils ne comprennent pas et/ou qui semblent menaçantes pour eux.

Les angoisses évoluent avec la perception et le développement de l’enfant. La peur de l’inconnu (les bruits, les visages…) et les angoisses liées au monde imaginaire de l’enfant (monstres, sorcières…) font place à des craintes plus rationnelles (accident de voiture, regard des autres, la mort…). Leur capacité à imaginer des scénarios effrayants et à se les remémorer augmente entre trois et six ans, c’est la période de l’enfance où ils vont devoir faire face à de nombreuses peurs imaginaires.

Le rôle des parents est capital dans l’apprentissage de la peur de l’enfant. L’écoute et l’accompagnement bienveillant leur permettront d’apprivoiser leur peur, de la dépasser, de renforcer leur confiance en eux et leur estime de soi. L’enfant, qui réussit à vaincre ses peurs en les affrontant, grandit, et renforce sa capacité à dépasser les peurs ou épreuves à venir.

« Il y a des peurs saines, il y a des peurs démesurées, déplacées. Il y a des peurs à traverser, d’autres a dépassé, toutes sont à respecter, à accompagner. Isabelle Filliozat – Au cœur des émotions de l’enfant »

D’où viennent les peurs ?

Les peurs de l’enfance ont trois origines principales :

1- Les peurs “classiques” (qui apparaissent et disparaissent au rythme du développement de l’enfant)

«  Papa, laisse la lumière allumée, j’ai peur du noir”, “J’ai peur du monstre caché dans ma chambre”, «Maman, vient me sauver, il y a une mouche qui m’attaque !! »

Les fantômes, l‘obscurité, les sorcières, les orages….Chaque enfant connaîtra un jour ces peurs, ces émotions fortes, à des degrés variables. C’est un passage obligatoire, car elles marquent des étapes dans le développement de l’enfant. Ce sont des peurs transitoires … Ces peurs sont habituellement amplifiées par leur imagination. Pour la plupart des enfants, ce qu’ils imaginent et la réalité ne font souvent qu’un et ceci particulièrement chez les enfants ayant un tempérament sensible et créatif. Courantes à un certain âge, ne les prenez pas non plus à la légère ! Elles peuvent empêcher l’enfant d’avancer et les faire souffrir.

Chez nous en ce moment c’est Lou (4 ans) qui a des peurs de ce genre : elle a peur du « monstre caché dans les nuages », de « l’indien géant », peur de « devenir sorcière ». Il est très clair que ces peurs sont issues de certains livres ou certains dessins animés qu’elle a vus. Nous en sommes du coup devenu très vigilant : exit les « blanche neige », « Belle au bois dormant » ou « Bambi »… certaines scènes sont réellement trop violentes !

2- Les peurs acquises

“Je ne veux pas me laver les cheveux, j’ai peur que tu me mettes de l’eau dans les yeux», « Pas le docteur, j’ai peur qu’il me fasse mal aux oreilles », «J’ai peur quand tu cries », «J’ai peur de ne pas me rappeler de ma poésie »…

Anne Bacus, psychologue, psychothérapeute et spécialiste de l’enfance, aborde dans son ouvrage « Même pas peur », les peurs acquises qui peuvent être une réelle source de souffrance, renvoyant généralement à une situation déjà vécue par l’enfant. Les peurs dues à un choc, un événement traumatisant ou effrayant dont votre enfant a pu être témoin ou victime peuvent laisser des souvenirs terribles et durables: un accident, une dispute familiale violente, un examen brutal d’un pédiatre… Tentez de trouver les mots justes pour le rassurer et n’hésitez pas à vous adresser à un professionnel si vous vous sentez impuissant.

L’enfant peut aussi acquérir des angoisses en raison d’un manque de confiance ou d’une mauvaise estime de soi. Il est important d’encourager et de louer les efforts de votre enfant afin de renforcer sa confiance en lui et de l’accompagner à dépasser ses peurs.

En ce moment, dès que Lili entend un chien aboyer, elle se réfugie rapidement dans nos bras et se met à pleurer en se raidissant. C’est très probablement parce qu’elle a eu très peur il y a quelques semaines lorsque la chienne (très gentille) de nos voisins est arrivée vers elle en courant et en aboyant. Heureusement, avec un peu d’aide, ces peurs peuvent être surmontées par l’enfant. Il nous aura fallu quasiment un an pour que Lou accepte de se laver les cheveux sans pleurer : elle a enfin surmonté ce « traumatisme » causé par une fois ou elle avait eu du savon dans l’œil qui l’avait piqué très fort !

3- Les peurs “copiées” : Attention à vos réactions et à votre comportement !

Les enfants, éponges à émotions, ont une fâcheuse tendance à reproduire les attitudes, le comportement des parents. Votre réaction de panique totale devant une araignée risque de provoquer la même peur chez votre enfant (ça sent le vécu non ? ;-). De même, faites attention à ne pas leur communiquer vos propres angoisses : peur du regard des autres, de la séparation, de la maladie, de la mort.

Les Outils pour apaiser les peurs de l’enfant

Que ses peurs viennent d’une expérience traumatisante, d’une réaction marquante de ses parents, de son monde imaginaire, (…).  L’enfant a besoin d’être accompagné et soutenu pour les surmonter !

Vous trouverez dans cet article quelques outils qui peuvent vous permettre d’accompagner avec bienveillance et respect les peurs de votre enfant.

Il ne faut jamais forcer un enfant à affronter quelque chose qui lui fait peur avant qu’il ne soit prêt à le faire.

1) L’accueil et le respect

Toute peur mérite un accueil respectueux, afin que l’enfant se sente le droit d’avoir peur. Même si vous ne comprenez pas vraiment ce qui l’effraie, ne pas nier ses émotions et ses ressentis, au contraire, reconnaissez-les : « Tu as eu peur du clown, je comprends, c’est la première fois que tu en vois un.».

2) L’écoute

Ecouter l’enfant afin de comprendre ce qu’il perçoit comme menace, comme danger potentiel à travers cette peur. L’aider à exprimer, à verbaliser et définir sa crainte à travers des questions ouvertes et larges. « Qu’est ce que tu as ressenti quand tu as vu le clown arriver sur la scène ? Qu’est ce que tu n’aimes pas dans son déguisement ? » Laissez l’enfant s’exprimer sans l’interrompre, et acceptez sans moquerie, ironie (…). les explications et doutes de votre enfant.

3) La reconnaissance empathique

Accepter et reconnaitre la peur de votre enfant « Tu as eu peur du clown, je comprends, moi aussi il m’a fait peur quand il a soufflé dans sa trompette et qu’il sautait partout» Sans chercher à résoudre le problème à sa place, lui montrer votre soutien et votre compréhension face à ce nouveau défi qu’il va devoir surmonter.

 

4) Le réconfort

Votre enfant a besoin d’entendre qu’il est très habituel et normal d’avoir peur de certaines choses. Le rassurer selon le besoin ressenti : serrez-le dans vos bras, dites-lui qu’il n’a pas à s’en faire, que vous êtes là pour l’aider et l’accompagner

Lou, 3 ans et demi, ne trouvant pas son sommeil : « Comment elle fait Lili pour s’endormir aussi vite ? Elle n’a pas peur des monstres ? Elle est plus petite que moi, mais elle est plus grande quand même parce qu’elle a pas peur ». « C’est normal ma puce, Lili est encore trop petite pour être capable de s’inventer des histoires et d’imaginer des monstres… Léo aussi il avait peur des monstres quand il avait ton âge, mais bientôt tu pourras, comme ton grand frère, réussir à t’apaiser en te disant que ce n’est que ton imagination qui travaille»

5) Faire appel aux compétences intérieures de l’enfant

Il faut l’aider à trouver, en lui-même, les ressources pour traverser et dépasser sa peur. Ne pas hésiter à lui rappeler une peur qu’il a réussi à affronter, cela lui permettra de se sentir fier et de gagner en confiance pour faire face à cette nouvelle étape.

« Tu te rappelles une peur que tu avais et que tu n’avais plus après ? ». Le guider : « Tu te rappelles quand tu avais peur de t’endormir toute seule dans ta chambre à cause des monstres? » Lui laisser se rappeler et exprimer son ressenti. « Un jour tu m’as dit que tu n’avais plus besoin que je reste jusqu’à ce que tu t’endormes si je voulais bien laisser la lumière des toilettes allumée. Tu as réussi à t’endormir toute seule. Et tu te rappelles comment tu étais contente de venir me dire que tu avais passé toute la nuit dans ton lit. »
Laisser votre enfant se remémorer ces émotions de fierté et de confiance en soi alors ressenties « Tu vois, tu as déjà surmonté tes peurs. À ton avis, qu’est-ce qui pourrait t’aider à ne plus avoir peur du clown ? »

6) Le récit de nos propres expériences

Après avoir écouté et accompagné l’enfant à trouver sa propre voie, on peut lui raconter nos propres expériences et la façon dont nous les avons dépassées. Cela le rassurera de savoir que tout le monde à peur !

Lui exprimer en toute sincérité des peurs qui nous ont marqué, mais évidemment qui ne lui appartiennent pas et/ou qu’il ne peut pas développer. N’en rajoutez pas une couche !

7) Les réponses rationnelles aux questions

Vous pouvez aider votre enfant à “comprendre sa peur”. Il a probablement besoin de réponses rationnelles face à ce qu’il ignore, qu’il ne comprend pas, l’objet de sa peur.

Alors qu’elle adorait jouer dans le jardin, Lou ne voulait plus y mettre les pieds à cause des « monstres noirs ». Après l’avoir écouté décrire ces monstres, nous avons compris que l’objet de sa peur était l’ombre des arbres. Nous lui avons donc expliqué ce phénomène en jouant avec une lampe et des petits objets qu’elle pouvait déplacer pour créer des ombres, aux ombres chinoises le soir dans sa chambre… Elle a rapidement surmonté sa peur et retourne jouer dehors sans crainte.

Ne pas hésiter à utiliser différents médias pour répondre aux interrogations de vos enfants : livres traitants de la peur, exposition, jeux divers…

8) La recherche d’idées, astuces pour faire face à sa peur

Ne pas lui donner notre avis directement. Le laisser nous donner ses idées sans les juger. Comme à chaque « recherche de solutions » votre enfant vous étonnera surement beaucoup par ses capacités de réflexion et d’imagination. Le guider en évaluant avec lui les pistes évoquées.

Léo appréhendait sa rentrée en CE2 dans sa nouvelle école : « Ça me fait une boule dans le ventre ce matin, j’ai peur de ne pas me trouver de copain, en plus ils se connaissent déjà tous ! » Après avoir accueilli et écouté ses craintes « Qu’est-ce qui pourrait aider à faire disparaître ou diminuer cette « petite boule » ? Plusieurs idées lui sont venues : « Je ne vais pas à l’école ! » Il faudra y faire face à un moment … « Tu peux rester un peu avec moi et m’aider à me trouver un copain avant de rentrer en classe », « Je vais essayer de trouver un autre garçon comme moi qui a l’air de ne connaître personne » « Je n’ai qu’à prendre mon ballon et proposer de faire une partie de foot ! Je suis sûr que je me ferais plein de copains! » Quelques mots échangés avec ses futurs camarades sous le préau et quelques sourires timides plus tard, Léo commença à taper dans le ballon avec plusieurs enfants de sa classe! Ravi et impatient de connaître les détails de ses nouvelles relations, je le retrouve dès 16h30 : « Tu sais, si tu veux que je me fasse des copains il faudrait que je puisse rester à la garderie un peu ! Bon à demain Gabriel, Capucine, Antoine, Mathieu, Thomas… » « Salut Léo !!! » Sa peur du matin n’était qu’un lointain souvenir… ».

Si la solution choisie par l’enfant ne fonctionne pas ou ne suffit pas à l’aider à surmonter sa peur, analysez avec lui la situation et partez à nouveau dans une recherche d’idées.

9) Se réjouir de l’étape qu’il vient de surmonter

On peut par exemple dire à son enfant qu’il peut être fier de lui car il grandit et comprend de mieux en mieux son environnement. On peut aussi l’encourager en lui rappelant comment il a réussi à surmonter sa peur, maîtriser ses émotions en trouvant seul des solutions.

« Léo ce matin j’ai vu que malgré ton appréhension, tu es allé voir Mathieu et tu lui as proposé de venir jouer au foot avec toi. J’ai trouvé ça très courageux de ta part. Et tu as vu, vous avez donné envie à plein d’enfants de venir jouer avec vous. C’était une bonne idée de ramener ton ballon ! Tu grandis et tu sais de mieux en mieux gérer tes émotions ! Tu dois être fier de toi ! »

 

 

 

                                                                                     Article publié sur « les supers parents.com »
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