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La morsure dans le développement de l’enfant

 

Mordre, de nombreuses raisons :

Dans la mesure où les jeunes enfants n’ont pas intégré consciemment la présence de l’autre, l’action de mordre relève d’un geste naturel issu de la succion. Lorsqu’un jeune enfant en mord un autre, la réaction de l’adulte est le plus souvent de gronder le « mordeur », de le punir éventuellement, en tout cas de lui consacrer quelques instants de son attention par une réprimande. Il semble alors que notre réaction éducative vient renforcer ce comportement, en ce sens que l’enfant se trouve l’objet d’attention de l’adulte quelques instants. Finalement, mordre n’est qu’une étape avant l’acquisition du langage, c’est donc aussi une forme de communication (certes non désirable socialement mais permettant d’entrer en communication avec l’autre).

Les émotions sont le plus souvent à l’origine du comportement de morsure chez le jeune enfant. En effet, parmi ces émotions, nous pouvons citer la colère, principale cause de manifestation agressive de la part de l’enfant. La période d’opposition de l’enfant, lui permettant non seulement de s’expérimenter dans une affirmation de soi, mais également de se sentir capable en référence avec ses pairs, constitue un temps au cours duquel la morsure n’est pas rare. Le sentiment de frustration est aussi une émotion singulière chez le jeune enfant. Lorsqu’un enfant ne dispose pas encore du langage et des aptitudes sociales lui permettant d’obtenir ce qu’il désire, l’expression émotionnelle de la frustration peut passer par les dents. Chez certains enfants, la morsure est une forme d’apprentissage du « pouvoir ». Sous la douleur générée par une conduite, l’enfant « mordu » lâche prise, libère l’objet de convoitise. L’enfant « mordeur » obtient alors ce qu’il désirait. Dans le cas où l’adulte n’intervient pas afin de poser l’interdit de faire mal à l’autre, alors le jeune enfant peut y trouver un moyen de puissance dans l’orientation des situations d’interaction.
Parmi les émotions pouvant entraîner la morsure du jeune enfant, nous notons également la curiosité. Alors que le bébé met tout à la bouche dans un jeu de découverte, le jeune enfant peut ressentir l’envie de « goûter » l’autre. Dans un tel cas, la morsure n’est pas un acte agressif mais uniquement exploratoire. Tout comme la curiosité, l’amour de l’autre peut-être la raison d’une morsure. Effectivement, l’observation des comportements adultes qui manifestent leur tendresse par des baisers, par la bouche, peut générer chez l’enfant une attitude imitative agrémentée d’un coup de dent afin de manifester l’énorme affection ressentie sur le moment. Lorsqu’on identifie comme source de morsure cette émotion d’amour, il convient de proposer à l’enfant une autre façon de témoigner son affection en lui indiquant par exemple « le câlin », qui n’induit pas l’aspect buccal dans une manifestation de tendresse.

L’accompagnement de l’enfant qui mord :

En présence d’un enfant « mordeur », il est bien évident que l’adulte accompagnant se doit d’empêcher la réitération d’un tel comportement. Cependant, il est intéressant d’observer et de comprendre les raisons poussant l’enfant à en mordre un autre afin de mieux l’aider à modifier cette conduite. Il faut alors, se poser un ensemble de questions : Pourquoi ? Comment ? Quand ? Où ? Qui ?

Pourquoi ?

-Quelles sont les raisons ayant contribué à la morsure ?

-A quel type d’émotion l’enfant a-t-il répondu en agissant ainsi ? (l’enfant est frustré parce qu’il désire un objet qu’il ne possède pas ; l’enfant éprouve un sentiment d’échec parce qu’il n’arrive pas à réaliser une tâche…),

-Dans quel état psychique l’enfant se trouve-t-il ? (il est fatigué ; il est agité ; il a faim ; il s’ennuie ; il est en groupe…).

Comment ?

-L’enfant prémédite-t-il l’action en regardant de gauche à droite s’il n’est pas observé ?
-Comment les réactions de la victime influencent-elles l’enfant qui mord ? (s’éloigne-t-il comme si rien ne s’était passé ? A peine l’acte commis, se confond-il, à sa façon, en excuses et devient-il alors le sauveur de la victime ?

Quand ?

Le moment de la journée et de l’activité est importante : l’enfant mord-il quel que soit le moment de la journée ou au contraire, à des instants repérables (une activité dirigée ou libre ; pendant un temps calme ; avec un groupe d’enfants important ou le contraire…)

Où ?

Repérer un lieu suscitant un envahissement émotionnel tel que l’enfant en vienne à mordre, ou la question du lieu ne prend-elle aucun sens pour l’enfant ?

Qui ?

L’enfant « mordu » est souvent porteur de sens pour l’enfant qui mord. Sens qu’il convient de déceler :
-l’enfant mord n’importe quel autre enfant ou des enfants de même stature que lui ou au contraire des enfants plus petits que lui ?

-Mord-il ceux qui l’ont frustré ? Dans ce cas, la morsure est la seule solution de défense qu’a trouvée l’enfant face à une agression. Il est alors nécessaire d’envisager des comportements plus adaptés pour gérer sa frustration.

Le rôle de l’adulte est de faciliter l’expression des émotions de l’enfant par un comportement adapté. Par exemple, un enfant en colère a le droit d’être en colère est de montrer aux autres son mécontentement, tout comme un enfant a le droit de pleurer, de rire ou d’être heureux.
L’observation de l’enfant qui mord est capitale ! Lorsqu’un enfant met en place un rituel qui a été décelé par l’adulte, il sera possible de prévenir la morsure soit en lui offrant du contenant (le prendre dans les bras, lui procurer de l’attention sans qu’il ait besoin de mordre), soit en déviant son intérêt vers une autre activité source de satisfaction. Si mordre est un réel besoin pour l’enfant, il est possible de lui donner des objets pour lesquels cette conduite est autorisée. Dans tous les cas, l’adulte doit se centrer sur ce que l’enfant a le droit et est en mesure de faire et non uniquement ce qu’il vient de commettre en tant que faute, erreur, bêtise, non-source de valorisation de soi. Il apparaît essentiel de transmettre aux enfants le sens et la valeur des interactions positives entre pairs. Ainsi, lorsqu’un enfant fait bien, tout comme lorsqu’il fait mal, il est capital de lui faire un retour sur lui-même. Ces retours, louanges, remarques ou critiques, sont essentiels à la construction de soi car ils sont porteurs de reconnaissance sociale.

 

                                                                                                                                                Equipe CRECHE AND DO
                                                                                                                      Article rédigé d’après un article des Métiers de la petite enfance