Un an après un premier état des lieux, « 60 millions de consommateurs » révèle dans une nouvelle étude la présence persistante de résidus toxiques comme les pesticides dans les couches pour bébés. Le point sur les bons et mauvais élèves.
Le choix des couches-culottes de votre charmant bambin est décidément ardu. Avec ou sans marque, version épaisse ou résistante, lavables ou en plastique… Face à la variété de l’offre du rayon couches, le consommateur a de quoi s’y perdre. Dix-huit mois après la sortie d’un rapport choc, la nouvelle enquête de 60 millions de consommateurs sur la composition des couches-culottes pourrait vous permettre d’évacuer certaines enseignes sur un autre critère.
Dans son numéro de septembre, le magazine révèle ainsi la présence dans certaines couches de pesticides et autres résidus potentiellement toxiques. Au total, sur les douze références testées par l’Institut national de la consommation (INC), la moitié comporte des substances indésirables, bien qu’en faible quantité. Parmi elles, le désormais célèbre glyphosate, des dioxines ou encore des composés d’organes volatils (COV). A en croire l’étude, même les marques prônant des couches « 100% saines » ne seraient pas aussi vertueuses qu’elles le laissent entendre.
Bons élèves un jour… mais pas toujours
Premier point notable soulevé par 60 millions de consommateurs : les résultats sont plus encourageants qu’en 2017. Néanmoins, « un tiers des couches analysées ont échoué au test », affirme le magazine.
Autre enseignement, les bons élèves d’antan ne sont pas nécessairement ceux d’aujourd’hui. Mots d’enfants, la marque des supermarchés E. Leclerc, et Love & Green, les deux références qui s’étaient illustrées en 2017 par l’absence de résidus à risque toxique, ne confirment pas leurs bons résultats passés. A l’instar des Lotus Baby, Pommette ou Lillydoo, bons derniers du classement, ces couches contiennent des traces de résidus de glyphosate. Dans le cas de Mots d’enfants, la présence de VOD, un polluant pouvant provoquer des irritations de la peau, des muqueuses ou du système pulmonaire, a également été détectée.
De son côté, Pampers, fustigé dans le rapport de février 2017, a su tirer profit des critiques pour s’améliorer. Leader incontesté du marché, l’enseigne phare a opéré un revirement qui prouve « que c’est possible », a indiqué Victoire N’Sondé, cheffe de la rubrique santé à 60 Millions de consommateurs, ce 23 août au micro d’Europe 1.
Des conséquences qui restent à mesurer selon Benjamin Douriez, rédacteur en chef adjoint de 60 Millions de consommateurs interrogé par France Info. Cette présence incongrue de substances toxiques n’a qu’une explication plausible : « Ça peut venir vraisemblablement de certaines matières premières utilisées dans la fabrication des couches, qui doivent elles-mêmes être contaminées. Ce qui explique qu’à l’arrivée, on le retrouve quand on réalise des analyses sur le produit fini, à savoir la couche ».
« Apriori pas de risque immédiat pour le bébé »
Pour autant, les quantités relevées sur les produits restent extrêmement faibles,« il n’y a a priori pas de risque immédiat pour le bébé », précise l’intéressé, avant d’ajouter : « Dans la mesure où ce sont des substances qui font l’objet d’un certain nombre de soupçons (…) on aimerait s’en passer. » Seul « un contrôle plus sévère des processus de fabrication s’impose », ainsi qu’ « une réglementation plus stricte » pour contraindre les fabricants à une transparence totale sur les fibres, parfums, et colorants au contact du bébé, serait donc viable pour arriver au zéro résidu toxique.
D’autres produits pour bébés dans le viseur
Les couches ne sont pas les seules à être concernées. Sur 44 produits pour bébés testés, trois contiendraient un conservateur limitant la prolifération microbienne, dit phénoxyéthanol, dont l’usage a pourtant été déconseillé par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dès 2012. Les lingettes ultra-douces au lait de toilette de Mixa Bébé, font notamment parti de la liste.
Autre problème soulevé : la plupart des lingettes contiennent « des ingrédients indésirables, comme des irritants, des allergisants ou des parfums ».En réponse, l’étude préconise aux consommateurs de privilégier l’utilisation de produits naturels de type liniments oléo-calcaires (mélange d’huile d’olive et eau de chaux).
Du côté des produits hydratants, le magazine souligne que les marques usent du même stratagème. Sept des 47 testés seraient donc à proscrire pour cause de présence de phénoxyéthanol et allergènes. Là encore, la marque n’est pas gage de qualité puisque le lait de toilette très doux Mixa et la crème hydratante visage et corps Nivea Baby arrivent en tête des produits à éviter.
En conclusion, l’enquête souligne que le casse-tête s’intensifie en l’absence d’étiquettes pour le consommateur. Ce qui est le cas pour la plupart des produits. Seule alternative donc, avoir le courage d’aller glaner quelques précisions sur le site de la marque.
Par Juliette Hay
Publié le 23/08/2018 sur www.marianne.net